Arrêtez les mentions “ Non testé sur animaux et sans ingrédients néfastes pour la santé ! ”

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Arrêtez les mentions “ Non testé sur animaux
et sans ingrédients néfastes pour la santé ! ”

 

Entretien avec Marjorie Perrimon, toxicologue et directrice des affaires réglementaires
 

Aujourd’hui, je souhaite m’adresser à vous, les professionnels du spa et de la cosmétique. C’est mon « coup de gueule » du jour, et vous comprendrez pourquoi.

Chez Spa-A, nous sommes fiers d’accueillir des « jeunes pousses », et nous espérons pouvoir contribuer à leur développement.

Parmi ces start-up, certaines revendiquent des « formules clean, sans ingrédients néfastes pour la santé », se disent « Vegan et non testés sur les animaux» revendiquent des allégations médicales scientifiquement prouvées.

 

Je vous rappelle tout de même que depuis le 11 mars 2013, les tests sur animaux sont définitivement interdits par la réglementation européenne.

 

Tous les produits cosmétiques font l’objet d’une évaluation de la sécurité pour la santé de l’homme avec comme principe premier : « primum non nocere » (en premier, ne pas nuire). Pourquoi alors induire le consommateur en erreur, en pouvant lui laisser croire que les autres testent sur animaux ou qu’ils formulent des produits dangereux ?

Ethiquement, cela n’est pas correct.  Règlementairement, cela est interdit. Les sociétés de cosmétiques bien implantées le savent. En revanche, il est temps de rappeler certains points pour quelques « jeunes pousses ». Chez Spa-A, nous avons une Experte, qui pourra vous renseigner sur toutes ces affaires réglementaires. Vous avez pu la rencontrer lors du Premier Colloque Spa organisé à Chartres.

 

 

Marjorie Perrimon, toxicologue et directrice des affaires réglementaires internationales (cosmétiques, compléments alimentaires et dispositifs médicaux) a bien voulu répondre à mes questions.

Je me suis permis de lui demander tout ce que j’ai pu lire récemment et qui me paraît surprenant …

 

A tous ceux qui communiquent négativement sur le fait que leurs produits ne sont pas testés sur animaux, ou qu’ils ne contiennent pas d’ingrédients controversés, que leur répondrais-tu ?

 

Concernant l’allégation « non testés sur les animaux », l’interdiction animale s’applique de manière égale à tous les produits cosmétiques sur le marché européen et on ne peut pas se prévaloir de respecter la loi, les revendications sur l’absence de tests sur animaux ne sont pas autorisées.

Je leur dirais néanmoins qu’ils peuvent valoriser leurs actions ou engagements plus spécifiques. Par exemple, elles peuvent alléguer qu’elles sont engagées dans la cause animale !

Je rajouterais aussi que si elles veulent utiliser des logos tels que Cruelty Free représentant un lapin en mouvement alors elles soient formuler une demande auprès d’organismes privés et de répondre au cahier des charges, logo qui, je réinsiste, n’est ni nécessaire ni obligatoire pour garantir et attester le respect des lois en vigueur.

Concernant la sécurité des produits cosmétiques, je rappellerais que la mise sur le marché, la fabrication des produits de cosmétiques et de bien être sont strictement encadrées afin d’assurer « un niveau élevé de protection de la santé ».

Ainsi, l’évaluation de la sécurité des ingrédients est une des étapes incontournables précédant la fabrication du produit fini, dont la sécurité est également obligatoirement évaluée avant la commercialisation. L’objectif est donc de vérifier que chaque produit est sûr, dans des conditions d’utilisation normales, quelle que soit la population à qui il est destiné.

L’engagement des fabricants pour la sécurité n’exclut pas le contrôle des autorités.  En France, ces contrôles sont réalisés par les autorités chargées de la protection des consommateurs, des questions sanitaires et des douanes. A l’échelle européenne, le Comité Scientifique en charge de la Sécurité des Consommateurs évalue régulièrement la sécurité des ingrédients et ses avis peuvent conduire à adapter la réglementation européenne.

Au-delà des contrôles de sécurité préalables à la commercialisation des cosmétiques, le système dit de cosmétovigilance organise notamment la communication des effets indésirables dont les fabricants ou les importateurs et les distributeurs auraient connaissance.


Ces procédures de sécurité et de contrôle, encadrées par la réglementation européenne – reconnue pour être la plus stricte au monde – contribuent à ce qu’en moyenne, depuis 2013, pour 10 millions de produits vendus seulement 1 cas d’effet indésirable grave.

 

Comment éduquer les consommateurs alors ?

 

En leur donnant la connaissance pour mieux comprendre leur cosmétique et savoir où aller chercher des données fiables (et non 60 millions de Consommateurs, qui n’est pas LA REFERENCE en terme de données ni l’Instagram de la copine non plus).

D’ailleurs la stratégie de l’Europe est celle-ci.

Ils ont créé COSMILE Europe, une base de données européenne sur les ingrédients cosmétiques qui offre des informations fiables (pas comme YUKA qui gère le danger et non le risque), vérifiées et scientifiquement étayées sur près de 30 000 ingrédients qui peuvent être utilisés dans les produits cosmétiques.

Cette base de données a pour vocation d’aider le consommateur à comprendre pourquoi certains ingrédients sont utilisés dans ses produits cosmétiques, quelles sont leurs propriétés et bien plus encore.

NOTE DE LA RÉDACTION : à tous les professionnels Spa-A recommande l’application développée par la FEBEA et la SFC : CLAIRE (c’est ici) pour décrypter plus de 25 000 ingrédients, réponse fiable aux questions des consommateurs sur les ingrédients. 

 

 

Certains termes comme Régénérant ou Anti-âge sont appliqués à un produit, alors que nous devrions parler d’Effet Régénérant, d’Effet Anti-âge, ou Hormone Like … Comment contrôler ces “glissements sémantiques” ? Qui doit relire les documents qui partent au client final ?

 

Ces termes sont des allégations. 

Les allégations, ce sont à la fois des textes, des images ou encore des symboles qu’utilisent les marques pour valoriser les propriétés d’un produit cosmétique. Elles sont applicables à toute allégation publicitaire pour les produits cosmétiques, quel que soit le support utilisé.

Or, un produit cosmétique ne peut pas avancer des arguments susceptibles de tromper les consommateurs.

Les allégations publicitaires doivent respecter les dispositions de la dernière version du “Manual on the scope of application of the Cosmetics Directive 76/768/EEC”  et les dispositions des recommandations de l’ARPP.

Pour l’allégation Allégations “anti-âge / anti-rides” :

Un produit peut revendiquer une action sur les signes ou les effets du vieillissement. En ce sens, les allégations relatives à l’atténuation ou à la diminution des rides ou des ridules sont envisageables si elles sont démontrées par soit des tests d’objectivation (ex : projection de frange) ou des tests d’usage de 2/3 semaines au court duquel les panelistes doivent répondre à des questions.

L’emploi du mot “régénérant” ou de ses dérivés, doit exprimer une apparence de peau « comme régénère » sans ambigüité pour le consommateur.

J’aimerais ajouter que le mécanisme d’action du produit ou de ses ingrédients peut-être allégué uniquement si ce mécanisme repose sur des justificatifs objectifs et que la revendication principale du produit porte clairement sur l’apparence de la peau.

Bref, il n’existe pas de miracle en cosmétique.

Les sociétés de cosmétiques doivent dans l’idéal avoir un service réglementaire distinct du marketing pour jouer le garde fou. Ce n’est souvent pas le cas dans le start-up d’où les dérives.

 

Quand nous parlons d’Hydratation Profonde, que faut-il ajouter ?

 

On entend par produits hydratants les produits destinés à améliorer ou maintenir l’équilibre en eau de l’épiderme.
Un produit cosmétique ne peut pas être présenté comme susceptible d’hydrater ou de réhydrater en profondeur la peau.

 

“Notre gamme contient des ingrédients actifs exclusifs tels que le Botox et l’oxygène” : ne devrions-nous pas plutôt parler de “botox like” ?

 

Effectivement, il faut nuancer ces allégations « Effet botox-like » serait l’allégation la plus adaptée.

Il faut toujours se demander si le consommateur moyen est en mesure de comprendre l’allégation et surtout se demander si la manière dont on écrit l’allégation ne risque pas de tromper notre consommateur.

 

Sur des compléments alimentaires, on a pu voir qu’il y avait des pro-biotiques. Il me semble que cela n’est pas possible en cosmétiques. Doit-on parler de “Ferments” ?

 

La vague du”microbiote-friendly” avec les probiotiques bon pour la peau a déferlé sur les cosmétiques, à grand coup de marketing, pour le bien-être de votre microbiote cutané. Enfin ça, c’est ce que certaines marques veulent bien vous faire croire

Les Probiotiques, littéralement « pour la vie », sont des organismes VIVANTS, qui ont des bénéfices prouvés sur la santé de l’hôte lorsqu’ils sont administrés à la juste dose.

Mais les probiotiques, ce n’est pas de la cosmétique !

Un probiotique est un germe vivant, donc interdit par la réglementation cosmétique. Pourquoi? Parce que nous devons garantir votre sécurité avec un produit exempté de toute présence microbienne (bonne ou mauvaise) et donc sans probiotique. Vous ne trouverez donc JAMAIS de soins cosmétiques avec des probiotiques en Europe.

 

On parle souvent d’effets sur le microbiome. Comment est-ce possible ? Comment le prouver ?

 

Le microbiote cutané joue un rôle essentiel dans le maintien de la santé de la peau. Quand celui-ci est respecté nous vivons en symbiose et cette flore saprophyte nous rend de grands services. Les bactéries cutanées agissent comme un bouclier protecteur aux agressions extérieures comme les U.V, la pollution, la perte insensible en eau… il est donc primordial de protéger ce manteau acide pour que sa fonction soit la plus optimale possible.

Il exsiste des tests cliniques sur volontaires pour évaluer l’impact des  produits cosmétiques sur celui-ci :

  • soit pour vérifier que le cosmétique ne le déséquilibre pas
  • soit au contraire pour voir s’il a une action sur le rééquilibrage, s’il est en dysbiose (atopie, pellicules, acné…).

 

 

Qu’as-tu envie d’ajouter qui puisse aider nos lecteurs ?

 

N’oubliez pas qu’on fait un métier d’émotion et que ce qui fidélisera vos clientes et qui vous donnera envie de travailler avec elle, c’est avant tout la sensorialité et l’émotion procurée par les produits.

 

Maintenant, tu acceptes de répondre du tac au tac à quelques questions plus personnelles, histoire de te connaître un peu mieux ?

 

Parmi tous les métiers qui ont été les tiens, quel est celui qui t’a rendu le plus fier et dont tu aimes à parler ? Pourquoi

 

Difficile de répondre à cette question. Pour être franche, j’ai aimé autant mon métier d’esthéticienne que celui actuel de directeur affaires réglementaires et toxicologie. Et en même temps, chacun me crée de la frustration. Quand je suis esthéticienne, je rêve de pouvoir être au labo et être au cœur même du processus de développement qui conduit à mettre un produit sûr et efficace sur le marché. Mais, quand je suis côté labo en train de monter dossiers réglementaires, je rêve de pouvoir être en cabine, parler du produit et prodiguer des soins avec.

 

Quels conseils donnerais-tu à une jeune entrepreneuse qui veut lancer sa gamme de cosmétiques ?

 

Avant de te lancer dans la création, étudie le cadre réglementaire pour comprendre la règle du jeu. Un fois que tu la maitrises, fonce et amuse-toi dans le cadre.

Ne reste pas seule avec tes convictions, tu peux les challenger auprès d’un syndicat professionnel ou d’un consultant externe ayant une certaine séniorité.

Si toi-même tu lançais ta gamme de cosmétiques, quelle serait-elle ?

 

Je créerais une gamme Femme axée principalement sur l’importance du démaquillage et de l’hydratation. Elle serait constituée de produits démaquillants de différentes galéniques et d’une gamme d’hydratation riche en acide hyaluronique de petit poids moléculaire (essence, sérum, crème et CC crème) et déclinée selon les 4 types de peau.

Je connais ta passion pour la cuisine. Quelle est la recette que tu voudrais partager avec nos lecteurs ?

 

C’est effectivement une grande passion ou le geste est très important. J’ai d’ailleurs passé mon CAP de cuisine. J’ai une grande passion pour la cuisine légumière.

Je n’ai pas de recette à partager tout simplement car mon plus beau livre de cuisine est celui qu’offre la nature. Si on la regarde, nous ne faisons jamais de fausse note : une salade de tomates aux pêches rôties et basilic l’été, des asperges qui rencontrent la rhubarbe et l’oseille…

C’est d’ailleurs le but de mon livre, édité en autoédition : « mon premier carnet d’inspiration légumière ». J’ai voulu montrer qu’il y a une possibilité de créer à l’infini avec le registre des légumes.

Quelle est la citation qui t’inspire le plus au quotidien ou quelle est ta devise ?

 

Les vraies passions donnent des forces en donnant du courage.

 

 

Propos recueillis par Marie-Paule Leblanc-Peru Présidente bénévole Spa-A.

Nous contacter : c’est ici

 

Retrouvez le profil membre Spa-A de Marjorie Perrimon : c’est ici ou ici

Marie_Paule Leblanc_Péru

Un parcours de plus de 35 ans à la direction internationale de produits cosmétiques et hôtellerie, dans le développement commercial et marketing. Shiseido, Yves Saint-Laurent, Dior, Thierry Mugler, Clarins, Pure Altitude et le groupe SIBUET ont marqué mon appétence pour le luxe et l'authenticité, en France comme à l'international. Executive Coach formé HEC, pour mettre l'humain au coeur des métiers. Désormais dans la transmission pour fédérer les équipes et passer le relais auprès de nos jeunes soucieux de rejoindre le monde du spa.

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